jeudi 9 juin 2011

hahahadopi















ce matin, je l'avoue, les esprits brillants de l'ump m'ont donné du bonheur comme rarement depuis leur cultissime lipdub. si si, souvenez-vous, ça montrait des "jeunes populaires" voyageant en seconde classe et chantant du caca avec de pauvres ministres à qui des conseillers visiblement surpayés avaient suggéré que leur présence était une bonne idée. je viens de voir la campagne de pub censée promouvoir l'hadopi. je ne sais même pas par où commencer.

essayons de décrire ce truc : en gros, c'est la version lidl d'un très mauvais clip de soupe électro avec une sorte de fille inodore-incolore anti-sexe au possible (genre égérie l'oréal de proximité) qui se trémousse avec la grâce d'un concombre tueur allemand pendant qu'une voix off minable débute et fait l'apologie de l'artiste, un peu comme dans les minutes de promotion de disques à la télé qui suscitent en général (et sans hiérarchie particulière) une très forte envie de rire ou de tuer quelqu'un. cette voix gracile, donc, explique que "l'artiste" ("emma leprince" pour les intimes, la cruche qu'on voit à l'écran pour les gens normaux) a puisé son inspiration dans des références telles que "voltaire, zola et dj fritas" (pour voltaire et zola je ne suis pas sûr, par contre le lien entre ce truc et un mec qui prendrait comme nom de scène dj fritas fait sens, en effet - je vous rassure, il n'existe pas et elle non plus, enfin j'espère). à un moment, même, elle fait mine de montrer un sein. une idée de voltaire, sans doute.

pour la suite, le mieux reste de laisser le charme du texte agir : "ce petit prodige de la musique mélange avec brio la néo-electro et les textes engagés qui font mouche". tout est dit. les textes engagés en question, c'est "feeling fresh" et "shopping with my girls". une critique sans concession, aussi brutale que tranchante, de cette manie (je dirais même cette pensée unique) qui sévit actuellement dans notre pays où, comme un seul homme, tout le monde cherche à puer et à éviter par tous les moyens d'acheter des trucs. ça balance grave, comme disent les jeunes : sur ce coup-là, l'ump s'est fait peur. mais après tout, le plus grand des risques n'est-il pas celui de ne pas en prendre ?

le bonheur n'ayant pas de fin avec hadopi, ce film a une chute. on apprend à la fin que les images consternantes que l'on voit ont en fait lieu en 2022 (je note au passage que dans un incompréhensible élan de clémence pour leur public, les auteurs ont évité de nous imposer en plus des robots et des voitures qui volent pour souligner ce point), pour tenter de démontrer que sans hadopi, la cruche-concombre qui se trémousse mollement en rêvant de "shopping with my girls" ne deviendra jamais une "artiste" et se verra dans l'obligation de trouver un vrai boulot, genre chef de produit de robots préparateurs de kebabs et d'aller chaque matin en métro volant dans son bureau glauque au 42ème étage d'une morne tour en verre de la plaine st denis (so 1997). c'est moche.

le plus drôle, bien sûr, c'est que cette campagne (apparemment, elle se décline également en affichage, presse, web, etc , j'ai hâte) nous a coûté à nous tous 3,2 millions d'euros. c'est beau, cet élan de solidarité nationale. on fera chacun l'effort de boire quelques mojitos onéreux de moins en terrasse (alors qu'il fait beau et chaud et que quand même, c'est bon les mojitos), non pas pour aider les sdf, haïti, les vieux, les chômeurs, les producteurs de concombres ou je ne sais qui en aurait peut-être vaguement besoin, ni même pour résorber notre très léger problème de dette, mais pour qu'emma leprince et ses amies au bord de la piscine puissent aller "shopping with my girls" au lieu d'avoir une vie normale, des jobs pourris dans une tour de bureaux, à jouer au jeu du pingouin en ligne en attendant que thierry du service juridique et michel, le commercial sympa au bagout aussi légendaire que ses chemisettes pourpres, passent les prendre dans la 807 pour aller boire des bières à la bastille. comme quand ils étaient tous jeunes et cools et qu'emma rêvait de chanter du caca sur youtube.

PS : vous ne rêvez pas, dans l'image tirée du clip que vous voyez ci-dessus, il y a bien une personne à l'envers, qui danse tête en bas, accrochée on ne sait où. quelqu'un a dû se dire que c'était cool. ceci dit, ils n'étaient plus à ça près.

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