dimanche 14 décembre 2008

la playlist de la cia

on a appris la semaine dernière que pour faire parler les prisonniers de guantanamo, la cia leur mettait dans leur cellule, tout fort et en boucle pendant des heures, des tubes de hard rock et de rap qui tachent bien, genre ac/dc et eminem. apparemment, ils ont trouvé ça pénible (je comprends). je ne me prononcerai pas sur la question éthique mais force est de constater que maintenant que les artistes en question sont un peu remontés, il va être temps de changer la playlist. je me permets donc de soumettre quelques suggestions, n'étant pas à un effort près pour faire triompher le bien.

d'abord, la cia n'est certainement pas au courant, mais la chanson française des années 80 recèle des perles qui feraient avouer n'importe quoi au suspect le plus endurci. je pense bien sûr aux lacs du connemara (la fameuse chanson que les barmen passent pour signifier que ça suffit, c'est l'heure, faut rentrer maintenant), à la boule de flipper de corinne charby, à l'intégrale de philippe lavil ou encore à mon pote le dj de françois valery. sinon, il y a aussi la chenille, popcorn remixé avec des paroles nazes dans la pub pompotes, ou pour les plus récalcitrants, le holiday rap de mc miker et dj sven (ça, en principe, il n'y a même pas besoin de le passer plusieurs fois, au bout du premier refrain, les langues devraient se délier).

mais des méthodes encore plus radicales existent. par exemple amener les détenus de force à un karaoké de la gare de l'est et les forcer à tout subir jusqu'au bout, même quand le videur massacre l'été indien après avoir manifestement ingéré de l'alcool. ça coûte un billet d'avion mais c'est probablement très efficace. au passage, pendant qu'ils sont à paris, ils peuvent aussi être amenés à une soirée où david guetta mixe ou alors menottés au milieu du public d'un prime de la star academy. là, c'est vrai, d'un point de vue déontologique, c'est plus que limite.

après, rien n'oblige la cia à se cantonner à la musique. par exemple, regarder en boucle de vieux enregistrements d'attention à la marche ou de questions pour un champion pourrait avoir un effet accélérateur sur le processus d'extorsion d'aveux. si ça traîne toujours, on peut envisager, quitte à bafouer clairement les droits de l'homme, un visionnage forcé de l'intégralité des débats internes du parti socialiste au congrès de reims, entrecoupé toutes les 10 minutes de copieuses pages de pubs vantant les mérites du dernier rasoir truc où le mec est déjà rasé avant d'utiliser l'appareil ou d'une marque de biscottes fourrées à la confiture synthétique (en précisant bien que désormais, bonne nouvelle, ça existe en goût vanille-fruits de la passion et que comme c'est la crise, le premier achat est remboursé, offre d'autant plus alléchante que ça a été élu produit de l'année).

en dernier recours, il restera toujours oasis ou pire, l'intégrale de bon jovi. ça leur apprendra, à ces petits cons.