samedi 14 avril 2007

the h.t. project














un scénario de josy la baleine.

ici, maintenant.

un scientifique fou, donc génial (ou l’inverse), paria de la communauté scientifique depuis de nombreuses années à cause de projets aussi ratés qu’inorthodoxes (dont une tentative infructueuse de créer des vaches transgéniques avec de la sauce tomate à la place du sang, comme ça c’est plus pratique pour la bolognaise), met au point une machine qui est censée permettre de faire revivre des personnes décédées, grâce à un ingénieux système de poulies et autres objets à l’utilité scientifique douteuse mais qui rendront bien sur grand écran (à presque 9 euros la place y’a intérêt). il arrive cette fois-ci à vendre son plan fabuleux à la communauté internationale en soulignant l’intérêt de celui-ci pour faire revivre des arts moribonds en ramenant sur terre des génies passés. les milieux artistiques étant ce qu’ils sont, il réussit à convaincre celui qui en a le plus besoin (et qui a le plus de thune à mettre dans un projet pareil), le petit monde du cinéma.

seulement voilà, notre scientifique a des goûts de chiotte, et alors que tout le monde s’efforce de le convaincre que kubrick ou hitchcock seraient de très bons choix (certains experts parisiens vont jusqu’à se prononcer en faveur de truffaut mais là ça coince au niveau des retombées financières), lui s’obstine à vouloir commencer par la résurrection de horst tappert. pourtant tout le monde lui dit que si l’idée n’est pas mauvaise en soi, d’autres choix s’imposeraient quant à la personne retenue, mais il ne veut rien entendre et s’attache donc à faire revivre le célèbre acteur d’outre-rhin.

les semaines, les mois, les années passent sans que l'on ne sache vraiment si le projet avance et de plus en plus de personnes, au début bien légitimement passionnées par cette affaire, s'intéressent désormais à d'autres choses beaucoup plus palpitantes comme la liste exhaustive des hommes politiques soumis à l'isf ou les poulets qui toussent en asie du sud est. tous les investisseurs se retirent les uns après les autres et la justice, qui a plus de temps à consacrer à notre professeur depuis la condamnation d’alain juppé dans l’affaire des emplois fictifs, commence à se pencher sérieusement sur son cas et à émettre quelques doutes sur la déontologie de toute cette affaire. fatigué par cet amas de difficultés, amer et vexé, notre scientifique fait mine d’abandonner et dit désormais se concentrer sur un nouveau projet de recherche, le mystérieux « h.t. project ».

malheureusement, alors que ce nouveau projet touche à son but dans le plus grand secret dans une grotte abandonnée perdue au fin fond de la transylvanie, le professeur aux goûts cinématographiques un peu particuliers est victime d’un tragique accident de tractopelle, laissant derrière lui une veuve (d’autant plus consolable qu’elle avait divorcé de lui il y a 25 ans pour partir avec le plombier et la moitié de sa barraque), un gamin toxicomane en situation d’échec scolaire et un laboratoire secret dans lequel le cadavre de horst tappert revient lentement mais sûrement à la vie terrestre (le professeur n’ayant pas débranché ses machines avant le terrible accident).

quelque temps plus tard, une vague de mystérieux meurtres émeut l’opinion publique et fait les choux gras de la presse populaire en europe, laissant pour toutes pistes aux enquêteurs perplexes une série de cadavres atrocement mordus et des vestes au look farouchement 70s sur les lieux des crimes. les quelques témoins sont incapables de décrire avec précision le meurtrier cannibale, tous se bornant à noter une frappante ressemblance entre celui-ci et un vieil acteur allemand qu’ils ont vu certains après-midis sur la 2, dans une série policière « plutôt chiante si je me souviens bien ». l’histoire se corse encore au moment où l’on découvre avec effroi que les victimes, une fois enterrées, se transforment dans leurs sépultures en zombies accusant une ressemblance frappante avec horst tappert et se mettent à envahir les rues. tous ces zombies portent une très laide veste grise à pieds de poule, semblent résister aux armes à feu et aux mauvaises émissions télé (ne bronchant même pas en s’enquillant l’intégrale en vhs de la saison 18 de « la petite maison dans la prairie ») et s’attaquent à tous les êtres humains qui bougent, aux quatre coins du monde (ils se déplacent grâce à des voitures volées qu’ils repeignent aux couleurs de la « polizei »).

bientôt, la terre est submergée de sosies de horst tappert assoiffés de sang humain, et même jean-pierre pernault ne trouve plus le temps d’aborder le pourtant passionnant sujet des vaches normandes au 13h de tf1 tant la vague de panique est grande. d’ailleurs, au bout d’un moment, ledit pernault se fait lui-même bouffer en direct à l’antenne et se métamorphose en une copie parfaitement crédible de l’inspecteur derrick avant de planter ses longues dents dans le cou de l’assistant régisseur du studio. la situation est désespérée même si personne ne semble regretter outre mesure le fameux présentateur télé.

alors que même le grand mamadou de vitry-sur-seine (« performances sexuelles, retour de l’être aimé, réussite au travail et désenvoûtement sur simple appel téléphonique ») semble impuissant face à la situation, les pouvoirs publics font appel au mystérieux docteur hollandais van helsing, qui comprend rapidement, en tant qu’homme d’expérience (dans le domaine de l’occulte tout comme dans celui des films de merde), de quoi il retourne. sur ce, il part en chasse de l’origine du mal, dans une frénétique course vers le laboratoire secret, poursuivi par une horde de policiers allemands mal sapés et bedonnants tout droit sortis de ce que les années 70 nous ont offert de plus mauvais (avec la musique new age, peut-être). son parcours est semé d’embûches, mais il a la foi et la motivation (sony lui a offert un discman résistant aux chocs les plus extrêmes et l’intégrale en cd de jean-jacques goldman). de plus, il réussit à mettre les services secrets et l’armée américaine de son côté depuis que le monde a appris avec un désarroi croissant que ben laden a profité de la situation et recruté les horst tappert zombies dans les camps d’entraînement d’al quaïda pour en faire des soldats du djihad germano-islamique, poussant son changement stratégique jusqu’à manger officiellement une énorme choucroute un jour de ramadan sur une cassette vidéo diffusée par al jazeera, et authentifiée par le mossad.

finalement, avec l’aide du professeur carter appelé en urgence et de george bush père, van helsing localise grâce à un prodigieux système de guidage par satellite (placement de produit nokia) l’antre du scientifique fou. ensemble, et avec plein de mauvais figurants en uniforme d’unités d’élite de l’armée us, ils détruisent la gigantesque machine dans la salle aux lumières bleues et ses 130 plateformes suspendues (qu’il faut déconnecter une à une du système central et enduire sur toute leur surface d’huile d’olive bénite). ce n’est bien sûr pas chose facile, étant donné qu’ils sont poursuivis par des hordes de derricks enragés qui tentent de les faire tomber dans le vide. finalement, la machine explose juste au moment où nos héros sortaient de là en faisant un grand bond en avant avec les flammes juste derrière eux, et les zombies, comme frappés par la foudre, privés de l’énergie mystique qui les animait, s’effondrent, reprennent leur apparence normale, et font ce qu’ils estiment être le plus urgent dans leur piteuse situation : ils courent s’acheter des fringues décentes.

du coup, non seulement le monde est débarrassé du mal le plus terrifiant que le malin ait jamais mis au point depuis dracula et les comédies musicales d’elie chouraqui, mais ce subit engouement pour le marché du prêt-à-porter relance la croissance économique mondiale, et le chômage régresse rapidement alors que la prospérité et le bonheur consumériste reprennent leurs droits dans le monde entier (sauf en afrique et au bangladesh, faut pas déconner). en plus, les gens d’al quaïda ayant décelé la présence de porc dans la choucroute que ben laden a consommée publiquement, ils l’exécutent devant la caméra dans une vidéo diffusée sur un « site internet islamiste » mais sur laquelle figure le numéro de la maison où se passe la scène (mauvais cadreur), et donc se font tous coffrer par les soldats américains basés en irak qui, conformément à la morale et aux règles de l’onu, les traduisent en justice devant un juge équitable et avec des avocats commis d’office qui ne sont même pas bourrés. bien sûr, ça se passe aux etats-unis donc ils sont malgré tout condamnés à mort.

le vrai horst tappert, qui lui n’est pas re-mort, se confond en excuses publiques pour ses nombreuses années de collaboration avec une série policière de qualité douteuse et promet d’acheter le coffret dvd de jean-luc godard. van helsing s’en retourne en hollande étudier la médecine dans ses applications les plus étranges, et george bush senior meurt subitement d’un cancer du pied foudroyant, puisqu’il faut bien qu’un des gentils meure à la fin. pernault peut enfin reparler des problèmes bovins en temps de canicule à la télé du salon devant laquelle la ménagère de moins de 50 ans bouffe ses raviolis buittoni réchauffés au micro-ondes et nokia et sony profitent des retombées publicitaires de leur participation à l’expédition couronnée de succès; bref, le monde est sauvé une fois de plus.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Purée mais j'adore cette nouvelle version de Zombie - Le jour d'après.

Je suis pret à produire ton film ou etre acteur.

Le probleme est que j'ai un physique melting pot qui ne correspondra pas à l'un de tes personnages au physique génétiquement bien marqué par leur nationalité.
D'ailleurs mon ex petite amie Marine m'avait rejeté a cause de son pere Jean Marie. Il m'a dit que je ne ferai rien avec mon physique meme pas acteur :
un nez aquilin qu'elle a susnommé de juif, de mon physique de black dans une peau de blanc et a contrario une zigounette de blanc, Des cheveux crépus mais aux reflets roux, des tâches de rousseur. En clair que j'avais les inconvénients de toutes les races me dit-il.

Aurai-je quand meme un role ?
En tout cas je suis trop fan de ton scénario

josy la baleine a dit…

oui t'auras un rôle mon jseb !!
si tu mets une perruque et des lunettes rondes au look suranné, tu pourras même faire le professeur fou. si si, jte jure.

Klari a dit…

pas mal!!
contente que tu aies remis la main dessus..
hum, je pense que je l'aurais publié en plusieurs morceaux, afin de tenir en haleine les lecteurs qui n'ont pas la chance d'avoir déjà lu ce texte "truculent" TM.
c'est cool que le monde entier ait potentiellement accès à ce scénar'!

grosses bises

josy la baleine a dit…

pourquoi "potientiellement" ? à part dans les pays où l'accès à l'information est bloqué pour des raisons politiques, je n'arrive pas à imaginer un seul instant que l'intégralité des internautes ne soit pas en permanence en attente de mes nouvelles ...

Klari a dit…

oh, non! il y a plein de raisons pour lesquelles on peut (éventuellement ) ne pas avoir accès à ton blog:

- coupure générale de courant
- coupure Internet au Tibet. En général, l'armée chinoise a un certain role dans ces pb techniques..
- CDD dans un sous-marin russe
- vacances roots-camping en Antarctique
- traversée de l'atlantique à la rame en solitaire. t'as pas le wifi, vieux, sur un skiff..

grosses bises!